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Écrans & Carrières | Anne-Claire Jaulin (PGE 2011) :  d’emlyon au cinéma, itinéraire d’une réalisatrice passionnée

Portraits

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04/10/2024

Dans cette interview captivante menée par les étudiants du Bureau des arts, nous avons le plaisir de découvrir le parcours inspirant d’Anne-Claire Jaulin, diplômée du Programme Grande École en 2011. Réalisatrice et scénariste talentueuse, Anne-Claire partage son chemin atypique, de son passage par la classe préparatoire à son immersion dans le monde de la culture et du cinéma. Elle nous parle avec authenticité de ses motivations, des défis rencontrés, de son attachement à la diversité des voix dans le cinéma, et de la place des femmes dans ce milieu. Une rencontre riche d’enseignements pour tous les étudiants intéressés par une carrière artistique. 


Tu as fait une classe prépa et après tu as intégré emlyon, une école de commerce. Pourquoi t’être tournée vers le monde de la culture ? Comment cette idée a mûri ? 

C’est quelque chose que j’avais déjà envie de faire mais que j'ai pleinement conscientisé plus tard, quand j'étais à emlyon. En terminale, je n’avais pas assez de courage pour suivre cette voie. J'avais aussi présenté une prépa au lycée Guist Hau à Nantes, pour préparer les concours de la FEMIS et de Louis-Lumière, en spécialité scénario. Cependant, à l'époque, ils ne prenaient que des élèves issus des filières L et ES, et moi, j’étais en S. On m’a proposé d’entrer dans cette prépa en spécialité Louis-Lumière, mais je ne savais pas qu’après deux ans, j’aurais pu présenter le concours FEMIS scénario malgré tout. Parallèlement, j’avais aussi présenté une prépa HEC/ECS, sur les conseils de mes parents pour ne pas me fermer de portes. Je suis donc entrée en prépa sans trop me poser de questions. 

Arrivée à emlyon j’ai eu un choc, même dès l’annonce de mon admission. J’ai passé un été bizarre, très heureuse d’intégrer l’école, mais en même temps, me demandant : « Et maintenant, que vais-je faire ? ». Je ne comprenais plus pourquoi j’étais là. Mais rapidement, grâce aux associations artistiques d’emlyon, mon intérêt pour la culture a refait surface. C’était une évidence. J’ai fait tous mes stages dans le milieu culturel. 


Et dans quelle association étais-tu ? 

J’étais chez Ligne 2 Mire (L2M) ! J’avais initialement listé le Petit Paumé et voulais faire partie du BDA, mais mes amis de première année voulaient lister PP. Nous avons listé PP, mais nous avons perdu. Je suis allée chez L2M, où je connaissais déjà des gens avec qui je m’entendais bien. C'était plus pour le groupe. 

  

Tous tes films ont été plébiscités et chaleureusement accueillis par le public. Qu'est-ce qui, selon toi, a fait leur succès et quels sont les éléments d'un bon réalisateur ? 

Ce n’est pas facile pour moi de dire que mes films ont été bien accueillis par le public. Ils ont certes été sélectionnés en festivals, mais c’est toujours compliqué de mesurer l’accueil du public. Je suis assez critique envers mes créations. Il y a des courts métrages auxquels je suis plus attachée que d’autres, mais j’ai du mal à les regarder sans en voir les fragilités et les faiblesses. 

Concernant ce qui fait un bon film, c’est intéressant d’en débattre. Je m’attache beaucoup au scénario et à l’effet émotionnel et intellectuel du film. Ce qui me touche, c’est le parcours des personnages et comment cela résonne en moi. Ensuite, il y a des aspects techniques et de fabrication. La singularité de la proposition est aussi importante, malgré les fragilités. Un film peut être marquant parce qu’il exprime une vision unique et nouvelle. 


Nous avons noté l’attention que tu portes aux questions d’identité féminine dans tes films. Quel est ton regard sur la place des femmes dans le milieu du cinéma aujourd’hui ? 

"L'assistante" est un court métrage sur la relation entre une assistante sexuelle pour personnes handicapées et un homme. C'est un métier illégal en France, et le film, co-réalisé avec David Guiraud, explore cette rencontre. Pour moi, il s’agissait de montrer l’impact concret de cette interaction. 

Quant à la représentation des femmes, je ne sais pas si c’est conscient. Étant femme, il m’est plus naturel d’écrire sur des expériences féminines. Si on veut voir d'autres récits à l'écran, il est crucial de faire de la place à de nouvelles voix et à la diversité. Plus de femmes réalisatrices signifient plus de récits féminins. De même, la diversité des scénaristes enrichit les histoires racontées. À Lyon, l'école CinéFabrique fait un excellent travail en recrutant des étudiants de milieux variés, ce qui est crucial pour avoir des perspectives diversifiées à l’écran. 


Penses-tu que les arts visuels peuvent aider à répondre aux défis sociétaux actuels ? 

Les arts visuels ont indéniablement un impact. Ce qu’on voit et entend dans un film peut lever des tabous et ouvrir des discussions sur des sujets difficiles. Il est essentiel de produire un effet sans être trop démonstratif ou didactique. Les spectateurs viennent avant tout pour voir une histoire, des personnages en conflit et comment ils s’en sortent. Le cinéma, le théâtre, la musique, et toutes les formes d’expression artistique ont le pouvoir de raconter et de toucher, d’aborder des thèmes sociétaux de manière subtile et profonde. 

  

Tu as travaillé avec d’autres anciens élèves d’emlyon, comme Jacky Goldberg. Quels liens conserves-tu avec le réseau emlyon alumni, et est-ce que cela te sert ? 

J’ai principalement gardé des liens avec ceux du milieu artistique, comme Jacky Goldberg et Mathieu Ageron, un producteur que j'apprécie. Thomas Troibois, qui est devenu agent, est aussi un contact précieux. Deux autres de ma promotion sont devenus producteurs, Alexandre Dahan et Maxime Droit. Nous nous retrouvons parfois en festivals, ce qui est agréable. J’ai aussi des contacts avec des personnes travaillant sur des dynamiques écologiques ou artistiques. Le réseau d’emlyon est précieux, mais limité pour moi aux personnes partageant des intérêts artistiques ou culturels, ou plus généralement mes valeurs. 

  

Tu as plusieurs séries en développement. Peux-tu nous en dire plus ? 

Les séries suivent plusieurs étapes. Actuellement, j’ai plusieurs projets en développement avec des producteurs. L’étape cruciale est la convention de développement avec une chaîne. Par exemple, j'ai travaillé sur une série historique l’automne dernier, mais elle s'est arrêtée lorsque la plateforme a cessé ses activités. Le développement de séries est incertain, mais j’ai plusieurs projets en cours et je touche du bois pour qu’ils aboutissent. 

  

En tant qu’alumni d’emlyon, as-tu un conseil pour les étudiants actuels, particulièrement ceux intéressés par le milieu culturel ou artistique ? 

Mon conseil principal est que c’est possible. Cela peut sembler simple à dire, mais il est important de croire en la possibilité de réussir dans les métiers artistiques, même si cela semble loin de notre réalité. Persévérez, contactez des gens, relancez-les, envoyez des mails. Ayez de la ténacité et de l’abnégation, car ces milieux demandent beaucoup d'efforts. Suivez votre élan, même si cela signifie changer de direction. 

Essayez de vous connaître mieux grâce à vos premières expériences professionnelles. Déterminez ce qui vous fait vous sentir bien et ce dont vous avez besoin pour être heureux dans votre travail. C’est une réflexion qui prend du temps, mais elle est essentielle. Pendant nos études, on ne nous pose pas souvent ces questions. Se connaître mieux vous permettra de faire des choix professionnels qui résonnent avec vos besoins et vos aspirations. 


Interview réalisée par Arno EPSTEIN & Lou KATZENMAYER, 

membres de l'association étudiante du Bureau des Arts

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